Morty’s Mind Blowers
Morty’s Mind Blowers : quand la mémoire devient une machine à remonter l’absurde
Si tu aimes Rick and Morty, tu te souviens sûrement de l’épisode Morty’s Mind Blowers — cet OVNI narratif qui tranche avec l’épisode d’« Interdimensional Cable » en proposant non pas des sketches télévisés, mais une galerie de souvenirs arrachés à Morty. Mais au-delà du gag et des trouvailles visuelles, que nous dit vraiment cet épisode sur la série, sur Morty, et sur Rick ? Voici un article dans le même esprit que ceux précédents : clair, analytique et accessible.

De quoi parle l’épisode ?
Plutôt que de suivre une intrigue linéaire, Morty’s Mind Blowers (saison 3) déroule une série de vignettes — souvenirs dont Morty a été privé par Rick. Chaque séquence est une mini-aventure : certaines sont ridicules, d’autres franchement perturbantes. La mécanique est simple et glaçante : Rick supprime, archive et écoule les souvenirs indésirables de Morty dans une salle secrète de son laboratoire, comme on range des objets cassés.
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Une anthologie au service du ton de la série
Sur la forme, l’épisode joue la carte du patchwork. La rupture de rythme fonctionne pour plusieurs raisons :temps mort ;
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elle sert de catalogue des capacités quasi-omniscientes de Rick (technologie, immoralité cosmique) ;
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et elle offre un terrain parfait pour l’humour noir, le non-sens et la satire sans devoir justifier chaque basculement.
C’est un exercice narratif : au lieu d’un arc, la série livre une mosaïque qui renforce l’idée que l’univers de Rick and Morty est chaotique, imprévisible et souvent cruel.

Thèmes centraux : mémoire, consentement et identité
L’épisode n’est pas qu’un défilé de gags — il explore des questions lourdes :
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La mémoire comme propriété manipulable : Rick traite les souvenirs de Morty comme des fichiers à trier. Cette instrumentalisation pose la question : à qui appartiennent nos souvenirs quand quelqu’un possède la technologie pour les effacer ?
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Consentement et abus : Morty n’a pas toujours demandé qu’on supprime ses souvenirs. Le geste de Rick relève d’un paternalisme dangereux : « Je sais mieux que toi ce que tu dois oublier. » Le pouvoir de rendre l’ignorance « confortable » devient une forme de contrôle.
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Identité fracturée : si nos souvenirs fondent notre personnalité, que reste-t-il quand on en retire certains à la carte ? Morty devient une somme d’expériences consenties et non consenties — une identité partiellement amputée.
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Humour contre malaise : le rire masque souvent le malaise. Les gags servent de leurre pour amener le spectateur à accepter des scènes moralement discutables.
Ce que l’épisode révèle sur Rick et Morty
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Sur Rick : l’épisode condense son ambiguïté morale. Il est protecteur (il efface pour « épargner » Morty), mais aussi manipulateur et égoïste : il décide pour l’autre, il archive comme un collectionneur. Son comportement illustre le cliché du savant qui « sauve » par des moyens inacceptables.
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Sur Morty : on le découvre plus complexe que le sidekick paniqué. Les souvenirs effacés laissent deviner que Morty a enduré plus qu’il n’en dit, et que sa résilience cohabite avec une blessure psychique réelle.

La fonction méta : raconter sans expliquer
L’épisode joue aussi un rôle méta : il permet à la série de garder son arsenal d’idées — les gags trop extrêmes, les actes moralement limites — sans compromettre la « continuité émotionnelle » du personnage principal. En effaçant les événements, Rick maintient Morty fonctionnel pour l’intrigue générale, tout en nous montrant, spectateurs, l’ampleur des expériences vécues en coulisses. C’est une manière d’avoir le beurre et l’argent du beurre narratif.
Enjeux éthiques et lectures possibles
Plusieurs lectures sont possibles selon l’angle choisi :
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Lecture critique : Rick est coupable d’abus psychologique ; effacer n’est jamais neutre.
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Lecture existentialiste : la mémoire n’est qu’un mécanisme — se libérer de certains souvenirs peut être une forme d’émancipation (mais ici, l’émancipation n’est pas choisie).
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Lecture satirique : la série parodie la tendance contemporaine à « filtrer » la réalité (réseaux sociaux, censure, réécriture personnelle).
Conclusion : un épisode drôle, dérangeant et révélateur
Morty’s Mind Blowers est un excellent exemple de la double nature de Rick and Morty : comique et profondément pessimiste. L’épisode divertit, surprend et, surtout, met en lumière une tension morale récurrente de la série : jusqu’où le génie peut-il aller au nom du « soin » ? En montrant que Rick peut remodeler la psyché d’un adolescent comme on trie des pièces de collection, l’épisode force le spectateur à se demander si l’intelligence sans éthique n’est pas la forme la plus dangereuse de supériorité.
